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Les tapisseries de la Dame à la licorne

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 Cinq d'entre elles illustrent un sens: le goût ( la dame prend une dragée ou une perle selon la thèse de A.Arnaud, le singe déguste une friandise), l'ouïe ( la dame joue de l'orgue), la vue ( la dame tient un miroir), l'odorat ( le singe porte à son nez une rose pour respirer le parfum) et le toucher (la dame tient un étendard).

la 6ème tapisserie est nommée " A mon seul désir". ( sous la tente)

Elles sont visibles actuellement au Musée du Moyen-Age de Cluny à Paris.

 Quelle est l'histoire de la Dame à la licorne?:

Rien n'est vraiment définitif , plusieurs thèses ont fait et font l'objet de discussions et de suppositions:

- On attribua leur réalisation au prince Zizim, malheureux rival de son frère le sultan Bajazet II, qui, en attendant d'être claquemuré dans la tour Zizim construite à son attention à Bourganeuf avait séjourné dans différents châteaux de la région, dont celui de Boussac (mais Zizim n'a jamais séjourné à Boussac). Pour tromper son ennui, il les aurait confectionnées avec l'aide de sa suite. Suivant d'autres sources , tout aussi fantaisistes, ces tapisseries auraient été réalisées à Aubusson: on sait qu'il n'en est rien.


- Marie-Elisabeth Bruel y voit une représentation des vertus allégoriques du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris

... et d'autres versions que je ne peux pas toutes citer

cliquer sur le lien ci-dessous

 tableau de différentes interprétations (document fourni par Jacky Lorette)

- Thèse défendue par André Arnaud, cartonnier à Aubusson ( je dois avouer que c'est celle qui me passionne et m'attire le plus mais cela n'engage que moi ): ce serait une narration tissée de la vie en France de Marie Tudor, 3ème épouse de Louis XII et soeur d'Henry VIII qui fut reine de France d'août à décembre 1514 ( à ne pas confondre avec sa nièce Marie Tudor reine d'Angleterre dite la Sanguinaire) ; sa suivante serait Claude de France, épouse de François 1er.

"Je suis née d'un secret qui me rend belle..."

  Les tapisseries ont été tissées pour Antoine Le Viste certainement dans les Flandres. Elles peuvent être l'oeuvre du peintre Jean Perréal qui avait déjà fait un portrait de Marie Tudor en Angleterre avant qu'elle épouse  Louis XII. Elle  avait 16 ans, était ravissante. François 1er sera ébloui par l'éclatante beauté de Marie et la demandera même en mariage après la mort de son beau-père , il n'aurait pas hésité à répudier sa femme pour elle mais Marie n'acceptera pas et repartira en Angleterre pour épouser le Duc de Suffolk.

  Pourquoi Antoine Le Viste s'intéressa-t-il tant à Mary pour en faire la Dame de ses tapisseries pour son hôtel particulier?  Il fut certainement envoûté, lui aussi, par Mary, "la jolie poupée anglaise". En était-il secrètement amoureux?

(si vous êtes intéressés par cette version, rendez vous sur le site remarquable de Jacky Lorette, "un enfant du pays")

www.premiumorange.com/tapisseries-licornes/ 

Comment les tapisseries  sont-elles arrivées au Château de Boussac?

  A la suite d'héritages successifs, elles passèrent de la famille de Viste à plusieurs familles  dont les Rilhac qui les firent transporter dans leur Château de Boussac au XVIII ème siècle. En 1833, le château fut vendu à la municipalité de Boussac par la Comtesse de Ribeyreix née Carbonnières; il devint le siège de la sous-préfecture de l'arrondissement. Les tapisseries y avaient été laissées. Parmi les familiers de la sous-préfecture figurait George Sand. Dans son roman "Jeanne" et dans divers articles, elle évoqua ces tapisseries. C'est elle qui vraisemblablement en signala l'existence à Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques, qui les fit classer au titre de monuments historiques, en 1841.

  Dans son livre Jeanne, voilà ce qu'elle écrivait:

  " Ce castel, fort bien conservé, est un joli monument du moyen-âge, et renferme des tapisseries qui mériteraient l'attention et les recherches d'un antiquaire.

 J'ignore si quelque indigène s'est donné le soin de découvrir ce que représentent ou ce que signifient ces remarquables travaux ouvragés, longtemps abandonnés aux rats, ternis par les siècles, et que l'on répare maintenant à Aubusson avec succès. (vers 1840, une première restauration a été entreprise à Aubusson)

   Sur huit panneaux qui remplissent deux vastes salles ( affectées au local de la sous-préfecture), on voit le portrait d'une femme, la même partout, évidemment; jeune, mince, longue, blonde et jolie; vêtue de huit costumes différents, tous à la mode de la fin du 15ème siècle....C'est toute la vie d'une merveilleuse de ce temps-là. Ces tapisseries, d'un beau travail de haute lisse, sont aussi une oeuvre de peinture fort précieuse et il serait à souhaiter que l'administration des beaux-arts en fit faire des copies peintes avec exactitude pour enrichir nos collections nationales, si nécessaires aux travaux modernes des artistes."

  George Sand a vu huit tapisseries vers 1840, il en restera six seulement en 1882 au moment de leur vente par la municipalité de Boussac.Elle reparlera des tapisseries dans son ouvrage "Journal d'un voyageur pendant la guerre de 1870":

 "....Le grand feu qu'on avait allumé dans la soirée continue de brûler et jette une vive lueur? J'en profite pour regarder à loisir les trois panneaux de tapisserie du XVème siècle qui sont classées dans les monuments historiques. La tradition prétend qu'ils ont décoré la tour de Bourganeuf durant la captivité de Zizime. M.Adolphe Joanne croit qu'ils représentent des épisodes du roman de la Dame à la licorne........Dans un des tableaux, la dame prend des bijoux dans une cassette; dans un autre, elle joue de l'orgue; dans un troisième, elle va en guerre , portant un étendard aux plis cassants, tandis que la licorne tient sa lance en faisant la belle sur son derrière. Cette dame blonde et ténue est très mystérieuse , et tout d'abord elle a présenté hier à ma petite fille l'aspect d'une fée....."

    La correspondance de Prosper Mérimée apporte une précision intéressante à propos des tapisseries:  "il y en existait d'autres "plus belles, me dit le maire, mais l'ex-propriétaire du château -il appartient aujourd'hui à la ville- un Comte de Carbonière les découpa pour en couvrir des charrettes et en faire des tapis". Etait-ce les deux qui manquaient?

  Dans un texte de 1847 de J.F Bonnafoux, sous-bibliothécaire de Guéret, membre du Conseil d'Administration de la Société des Sciences Naturelles et d'Antiquités de la Creuse dont il est le conservateur, on peut lire:

   "Une partie des belles tapisseries du château de Boussac, qui ont servi à orner l'appartement de Zizim dans la tour de Bourganeuf, a failli passer entre les mains des infidèles. Cette soustraction a fait scandale dans la localité; le Conseil municipal, prévenu à temps, a fait rentrer une partie des morceaux enlevés, sans que les tribunaux aient eu à se prononcer sur ce vol. Mais l'affaire n'a pas été totalement mise sous le boisseau, et le maire de Boussac se propose, dit-on, de demander des dommages et intérêts pour certains lambeaux qui ont été impitoyablement coupés et qui n'ont pas été renvoyés".

 

  Face à la lourde charge pour l'entretien des tapisseries, la Municipalité décide de les vendre pour la somme de 25OOOF + 500F pour les oeuvres de bienfaisance en 1882 au Musée de Cluny ( vous pouvez trouver le détail de l'histoire du séjour des tapisseries au château de Boussac entre 1843 et cette vente sur le livre "La Creuse oubliée" tome II de Michel Blondonnet). L'argent servira à paver la place du Champ de foire aujourd'hui, place de l'Hôtel de Ville.

Henri de Lavillatte écrira en 1907: " Boussac s'est laissé enlever ses tapisseries...sans protester... sans faire une révolution!"

 

 

 


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